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"Kenkeliba" met en lumière le livre de Demba Diop sur la politique de l'emploi au Sénégal : Un appel à un changement systémique

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Nationales

 

Le segment "Littérature" de la populaire émission télévisée "Kenkeli Baa" a récemment offert une analyse approfondie du livre perspicace de Demba DIOP, "La Politique de l'Emploi au Sénégal : Cinq questions pour comprendre, agir et impacter". La discussion, animée par Arame Ndiaye et enrichie par les contributions de Mame Ndiawar DIALLO et d'autres panélistes, a mis en évidence les défis cruciaux et les solutions potentielles pour le paysage complexe de l'emploi au Sénégal.

Demba DIOP, Inspecteur du Travail et de la Sécurité Sociale et haut fonctionnaire, a rejoint l'émission par visioconférence pour discuter de son ouvrage. Mame Ndiawar DIALLO l'a présenté comme un expert dont le livre propose des solutions concrètes au problème omniprésent du chômage.

DIOP a expliqué que son livre vise à explorer comment chaque Sénégalais cherchant à gagner dignement sa vie ("xey") peut y parvenir, préservant ainsi son honneur et son respect de soi ("sam sa diné, sam sa ngor, sam sa sutura"). Il a structuré son analyse autour de cinq piliers clés ("juróomi ponk") :

  1. Définition de la politique de l'emploi : Le premier pilier clarifie le concept d'emploi ("xey") – englobant à la fois le travail salarié et l'auto-emploi – et le distingue du travail en général ("liggéey"). Il pose la question : "Qu'est-ce réellement que la politique de l'emploi ?"

  2. Contexte historique : Le livre retrace la trajectoire de l'emploi au Sénégal depuis l'indépendance, notant la prédominance initiale de la fonction publique et des sociétés nationales, suivie de l'essor des TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises) et de divers services de main-d'œuvre.

  3. Initiatives passées : DIOP revient sur les programmes passés, tels que les "maîtrisards chômeurs", pour en tirer des leçons.

  4. L'urgence d'agir : Cette section souligne l'impact sociétal du chômage, le reliant à des problèmes tels que la mendicité, la violence et la migration des jeunes (faisant même référence aux étudiants sénégalais en difficulté en Ukraine faute d'opportunités locales).

  5. Gouvernance et prise de décision : Le dernier pilier examine comment les décisions liées à l'emploi sont actuellement prises et propose comment les structures de gouvernance existantes doivent s'adapter pour relever efficacement ces défis.

La discussion en studio a approfondi les points essentiels soulevés par DIOP. Mame Ndiawar DIALLO a souligné l'"inadéquation" entre la formation dispensée par les établissements d'enseignement et les compétences réelles ("besoins en compétences") exigées par les entreprises. Elle a mis en lumière l'identification par Diop de deux types d'inadéquation :
* Inadéquation qualitative : Lorsque les compétences enseignées ne correspondent pas aux exigences des postes, conduisant à des phénomènes tels que la "surqualification" (par exemple, un titulaire de master travaillant comme agent de sécurité) ou la "sous-qualification" (par exemple, une personne aux qualifications de base occupant un poste de direction).
* Inadéquation quantitative : Une offre excédentaire de diplômés dans certains domaines (comme la banque, la finance, le marketing) où le Sénégal a peu d'offres d'emploi, tandis que d'autres secteurs manquent de main-d'œuvre qualifiée.

La solution proposée par DIOP, telle que discutée, implique une réforme significative des méthodologies de formation, préconisant une transition vers un système dual avec un apprentissage plus pratique et basé sur le terrain (par exemple, 80 % d'expérience sur le terrain, 20 % en classe) – un modèle que le Sénégal a expérimenté mais pas encore largement adopté.

D'autres panélistes, dont Dr. Guèye, ont contribué à la conversation, soulignant la nécessité pour les instituts de formation professionnelle comme l'ISEP (de doter les jeunes de compétences immédiatement applicables. La discussion a également abordé les défis rencontrés par les aspirants entrepreneurs, notamment en matière de financement et de développement commercial.

Un point important a été soulevé concernant la "gratuité" (apparente) de l'enseignement supérieur au Sénégal, où les frais d'inscription sont nominaux  par rapport à d'autres pays. Ce système, s'il ne produit pas de diplômés employables, devient un fardeau pour l'État. Les panélistes ont suggéré que ces droits d'inscription pédagogique (DIP) devraient être réinvestis dans les universités pour en améliorer la qualité et la pertinence. Le sentiment général était un appel à réévaluer le modèle éducatif pour favoriser la méritocratie et mieux s'aligner sur les demandes évolutives du marché du travail, y compris l'adaptation à de nouvelles réalités comme l'Intelligence Artificielle.

Le livre de Demba DIOP, publié chez L'Harmattan, constitue une contribution essentielle à ce débat en cours, appelant à une approche proactive et stratégique de la politique de l'emploi au Sénégal. Le segment de "Kenkeli Baa" a efficacement porté ces questions urgentes à l'attention d'un public plus large, favorisant un dialogue indispensable sur l'avenir du travail dans le pays.

 

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